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Faits Divers

Aide-maçon ou « Manawâ », un métier qui tue son homme !

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photo d'illustration

Petits métiers pour des tâches ardues oh  combien fastidieux pour de maigres pitances ! Pas le choix, on fait avec tant que cela permet d’assurer le quotidien. Et parlant des petits métiers, nous en avons une pléthore mais nous avons décidé de faire un zoom sur celui des aides-maçon. Dans le milieu, on les reconnait sous l’identité des ‘’ Manawâ’’. 

Qui sont-ils ? Comment sont-ils arrivés à ce boulot ? Comment gagnent-ils leurs vies ? Quels sont leurs difficultés ?

A Abidjan et ces ban-lieux ainsi que dans les villes de l’intérieur du pays, les ‘’manawâ’’ sont rependus un peu de partout. Surtout lorsqu’il s’agit de construction de maisons et d’opérations immobilières. Les chantiers, sont leurs lieux de prédilection. Souvent ils cohabitent même près de nous. C’est donc le voisinage avec ces aides-maçon qui a aiguisé notre curiosité. Dans l’apparence ils  des travailleurs infatigables. D’où est-ce qu’ils puisent leur ressource énergétique pour un boulot pour lequel, il n’y a visiblement aucun profil de carrière, aucune couverture sociale et souvent même aucun avenir certain… Et pourtant, ils sont nombreux à s’adonner à cette activité. En tout état de cause, ont-ils vraiment le choix ? Pas si sûr.

 Ce n’est pas Kassy, un ’’manawâ’’ qui travaille sur un chantier à la riviera palmeraie qui nous dira le contraire. La prise de contact avec ce dernier se fait sans difficulté aucune. Lorsque nous l’approchions pour lui faire part de notre intention de savoir un peu plus sur  le métier qu’il exerce, Kassy est tout de suite enchanté. « Mon frère, il n y’ a aucun souci à vous renseigner », nous fait observer notre interlocuteur. « Que voulez-vous savoir ? », nous interroge le ‘’manawâ’’. Comme nous le trouvons très motivé, l’échange avec lui a tourné dans un premier temps sur la signification de leur nom, les ‘’ Manawâ’’ et de ses origines.  Kassy, sans balbutier se lâche. « Eh mon frère, ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que la définition de manawâ dans la langue française, désigne les aides-maçon ». Et d’ajouter que leur présence auprès du maçon est essentiellement un rôle d’assistant. « Patron, c’est comme dans vos bureaux là, il y a des stagiaires et des assistants qui vous assistent quand vous travaillez. C’est la même chose dans notre corps de métier », indique Kassy.

S'agissant des origines du nom « Manawâ », notre interlocuteur ne sait pas grand-chose. « Ah patron, le nom là, je l’ai  trouvé quand je rentrais dans ce métier. J’avoue sincèrement que je n’ai pas cherché à savoir la provenance du nom. J’ai trouvé que c’était jolie comme nom aussi », révèle Kassy.

Qu’à cela ne tienne, ce n’est  pas bien grave, essayons-nous de le rassurer. Dès lors, nous lui demandons de nous dire comment il est arrivé à ce métier ?

« Patron, je viens du village, j’ai souhaité vivre dans la capitale comme les autres. Avant de quitter le village, j’avais fait la promesse à mes parents que je pourrais m’en sortir. Une fois  arrivée  à Abidjan, je me suis rendu compte que j’étais bien loin de mon rêve. Car la réalité ici, c’est que la vie est dure. On me l’avait dit mais je n’y croyais pas. J’ai passé près de 6 mois à tourner en rond sans rien faire. C’était difficile d’avoir de quoi manger. Et avec ça,  je recevais une forte pression de ma petite femme restée au village. Elle attendait que je lui envoi de l’argent. La situation était intenable jusqu’à ce qu’un ami me recommande d’aller voir son patron qui est un chef de chantier. Celui-ci accepte de me  recevoir et coup de chance, il me donne l’occasion de décrocher mon premier emploi après presqu'un an  de galère. Il y a  donc 5 mois aujourd’hui que j’exerce ce métier d’aide-maçon », se souvient encore Kassy.  Aujourd’hui, il a le sourire aux lèvres parce qu’ayant un petit job. Et même si ce boulot demande beaucoup d’effort physique pour une maigre rémunération, le manawâ s’en contente. « Je préfère avoir un peu d’argent chaque jour ou avoir des contrats çà et là que de ne rien avoir à manger » se console-t-il avant de poursuivre. « Notre boulot est difficile parce que cela exige de la force physique et aussi de la persévérance. Surtout lorsque nous tombons sur de mauvais patrons qui paient difficilement… ». S’indigne-t-il. Pendant que nous échangions avec notre interlocuteur, son patron qui venait d’arriver sur le chantier, ne semblait guère apprécier notre présence. Nous prenons congé de Kassy. En lui faisant la promesse que nous passerons le voir ultérieurement  pour terminer notre entretien.

A 100 km du site de notre premier interlocuteur, nous nous arrêtons à un autre  chantier. Là les travailleurs semblent assez concentrés pour les interrompre. Mais nous insistons et avec un peu de chance, nous réussissons à avoir Kaboré. Son niveau de langue en français est approximatif, mais nous arrivions à décoder ses mots. Lui, il exerce cette activité depuis, 1 an. De prime abord, il ignore que son métier d’aide maçon s’appelle aussi « Manawâ ». Peu importe, c’est le métier qu’il exerce est l’intérêt de notre enquête était juste de savoir comment ils y travaillent et les dangers auxquels ils y sont exposés. Kaboré va nous indiquer que lui, se sent épanouie avec ce boulot. « Moi, je suis content de mon travail, un homme, c’est la difficulté qu’il s’affranchit », fait observer Kaboré.  Et de poursuivre en indiquant que lui, gagne sa vie. Il faut surtout être sain d’esprit. Déjà que les tâches sont lourdes pour un petit salaire, pourquoi s’adonner à l’alcool et faire du gaspillage ? S’indigne Kaboré devant l’attitude de certains de ses collègues. « Nous gagnons peu et nous ne travaillons pas dans le confort, mais il suffit de bien organiser sa vie pour s’en sortir’’. Conclut-il.

Le lendemain de notre rencontre avec Kassy, nous retournons le voir pour poursuivre notre entretien. Cette fois, nous demandons à Kassy de nous parler de leur condition de travail et des perspectives de profil de carrière. Kassy, évoque que les conditions ne sont pas reluisantes. Ce à cause des maigres salaires, mais aussi en raison des efforts physiques. « Nos patrons ne nous paient que par notre rendement. Et comme nous sommes des travailleurs journaliers, le jour où nous sommes malades, c’est considéré comme une absence et nous ne sommes pas pris en charge par nos patrons », Révèle Kassy un peu déçu de ce  manque d’attention. « Tous les manawâ vivent les mêmes réalités. D’un chantier à un autre, ce sont les mêmes conditions de travail sans aucune garantie de couverture sociale. Quand nos enfants sont malades, c’est alors que nous sommes obligés de bosser comme des forcenés pour assurer le minimum vital pour nos parents et même pour nous ».  Et de nous signaler que tout récemment, un des leurs, après 2 ans de travail comme « manawâ » est décédé parce qu’il avait du mal à se soigner. « Je me souviens, il y a 3 mois, de la mort de Fofana. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup soutenu quand je faisais mes premiers pas dans ce métier. Il était un bon bosseur en tout cas. C’était un modèle, il avait pour ambition de devenir un jour chef de chantier parce qu’il a commencé au bas de l’échelle. Il en avait la capacité mais un jour fauché par la maladie, il est resté couché pendant plusieurs mois entre l’hôpital et la maison. Ces maigres économies étaient aussi finies. Les Sos qu’il a lancés auprès de nos patrons sont restés sans suite favorable. Quelques semaines se sont écoulées et Fofana a rendu l’âme », se souvient tristement Kassy qui, avec cette situation qu’a vécu son collègue « manawâ », envisage trouver un autre emploi. « J’attends de me faire quelques économies pour passer à autre chose », nous confie-t-il avec un brin d’espoir. « Sinon le métier nous tue à petit feu », a dit Kassy avant d’indiquer que pour l’heure, il n’avait pas le choix.

Sur les origines du nom ‘’Manawâ’’, les différentes personnes que nous avons rencontrées ne savent pas bien choses sur la provenance du nom. Certains évoquent que ça provient du Burkina Faso, quand d’autres estiment que le nom tire sa source du nord de la Côte d’Ivoire. Qu’importe, le métier semble nourrir son homme mais le rapproche aussi de la tombe à cause de l’inexistence  de sécurité sociale…

 

 

 

 

 

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1 Commentaires

  1. Comment Avatar

    Anonyme

    En Décembre, 2018 (20:07 PM)

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